FICHE PRINCIPES D'INTERVENTION ET DE GESTION

Espèces envahissantes

Végétaux aquatiques

EE2

 

 

 

D'après : Documents Agence de l'Eau Adour-Garonne.

1.     Le constat

La Garonne présente un développement d'herbiers modéré en amont de Toulouse à très modéré de Toulouse au plan d'eau du Tarn-et-Garonne. Pour l'aval, nous ne disposons pas de données précises.

Toutefois, ce développement peut être important localement entraînant ainsi de forts recouvrements liés surtout à la morphologie du lit et à des conditions hydrodynamiques locales comme il a été constaté au niveau de Muret, de Toulouse (Prairie des filtres) ou sur les canaux d'alimentation (Garonne de piémont hydroélectrique).

Les principales espèces présentes sur la Garonne sont la renoncule et le myriophylle et dans une moindre mesure les lentilles d'eau.

A signaler également la présence encore discrète de la jussie, espèce à caractère envahissant, en amont du plan d'eau du Tarn-et-Garonne, dans certains bras morts et au niveau de la confluence avec l'Ariège.

On observe également la présence d'algues filamenteuses à partir de l'agglomération toulousaine et plus en aval, qui peut être favorisée par des épisodes de très fortes chaleurs associées à un faible débit de la Garonne.

En revanche, la présence d'un substrat marneux comme en aval de Toulouse limite l'installation d'herbiers.

 

Les principales espèces exotiques à caractère envahissant observées sur la Garonne

    Le myriophylle du Brésil (Myriophyllum aquaticum)

  Ce myriophylle originaire de l'Amérique du Sud se rencontre fréquemment
dans le Sud-Ouest de la France.

  Cette plante est facilement reconnaissable à son feuillage coriace très découpé, de couleur vert clair, qui émerge de l'eau de 0,1 cm environ.

     La jussie (Ludwigia sp.)

  C'est une plante qui se développe sous forme d'herbiers denses, elle est immergée ou émergée. Sa tige peut atteindre 6 m, elle possède des fleurs jaunes.

Originaire d'Amérique du Sud, elle a été introduite pour ses qualités ornementales depuis environ 10 ans. Elle se développe dans les eaux stagnantes sur tout type de substrat, elle préfère les lieux bien éclairés. Elle peut encombrer les frayères et participer à la fermeture des bras morts.

 

 

Les nuisances occasionnées par les herbiers

La présence d'herbiers ne semble pas causer de désagréments particuliers sur la Garonne. Temporairement, les herbiers exondés en état de putréfaction peuvent cependant générer des odeurs nauséabondes, particulièrement nuisibles en zone urbaine (Muret, …).

Une fois développées en herbiers très denses, les espèces envahissantes peuvent occasionner des désagréments beaucoup plus importants :

   élimination des autres espèces végétales, banalisation écologique,

   déficit en oxygène par décomposition de la biomasse qui limite ou interdit la vie animale,

   gêne de l'écoulement de l'eau et accélération du comblement des milieux par piégeage
du sédiment et accumulation de matière organique morte.

 

 

2.  Les principes d'intervention et de gestion

Les techniques de gestion des plantes aquatiques peuvent être classées en deux groupes :

   Les méthodes préventives

Elles tentent d'empêcher ou de limiter le développement des plantes, ce qui limite l'ampleur et le coût des interventions.

  C'est principalement le maintien des crues significatives de la Garonne à des périodes clés (hivernales et/ou prioritaires) du développement des plantes aquatiques qui permet de réduire leur développement.

  Dans une moindre mesure, les soutiens d'étiage estivaux sur la Garonne peuvent contribuer à réduire les proliférations végétales en maintenant une vitesse d'écoulement soutenue.

Au niveau des plans d'eau de la Garonne, le maintien d'un niveau d'eau conséquent réduit la croissance végétale en limitant la quantité de lumière.

  De façon générale, la qualité des eaux n'est pas le critère prépondérant de la répartition des végétaux aquatiques.

Toutefois, certaines proliférations (en agglomérations, …) sont la conséquence d'une augmentation des apports en nutriments, en particulier pour les algues filamenteuses. Ainsi, toute action visant à les réduire limitera la croissance et l'extension de ces végétaux.

  L'ombrage lié aux boisements de berge peut contribuer dans une certaine mesure à la réduction des proliférations végétales, en particulier sur des sections de faible largeur (canaux d'alimentation et sections court-circuitées) voire en pied de berge.

 

Pour les espèces exotiques, préférer agir le plus tôt possible, dès l'implantation de l'espèce sur un site et non pas quand les premières nuisances apparaissent.

 

 

  Les méthodes curatives

Bien que séduisantes au premier abord (résultats immédiats), elles peuvent s'avérer difficiles à mettre en œuvre pour des raisons techniques ou économiques.

   Le contrôle manuel (arrachage de pieds), bien que fastidieux et nécessitant une main d'œuvre importante, est possible sur de très petites surfaces. Cette technique est d'autant plus efficace qu'elle intervient en début de colonisation.

   Le contrôle mécanique

    par coupe des végétaux avec des engins qui permettent une réelle moisson des végétaux.
Par contre, dans le cas du faucardage (coupe et abandon des plantes dans le milieu),
le remède peut être pire que le mal (recolonisation du milieu par bouturage, déficits
en oxygène liés au pourrissement),

    par curage ou dragage qui permettent d'éliminer les parties enfouies des végétaux
(stolons, racines et rhizomes). Toutefois, leur impact sur l'environnement (remaniement
du fond du lit de la rivière), leur coût important ainsi qu'une action à durée limitée dans le cas
de plantes à forte capacité de bouturage, limitent leur utilisation.

 

 

Remarques

  Le contrôle chimique

En raison de leur toxicité, les herbicides ne doivent être utilisés qu'avec de multiples précautions, dans le cadre d'actions organisées et encadrées.

  Le contrôle biologique

L'introduction d'organismes peut s'accompagner d'effets secondaires indésirables. La lutte biologique ne doit être envisagée qu'avec circonspection et dans le cadre d'opérations très surveillées.

 

  Préférer une gestion globale et coordonnée de l'espèce et une combinaison de traitement plutôt que l'application d'un seul traitement pour une meilleure efficacité.

  Après une opération lourde, prévoir un entretien léger mais régulier pour pérenniser les résultats obtenus.

  Intégrer les végétaux retirés à la filière de gestion des déchets (récupération, traitement, valorisation).